vendredi 11 juillet 2014

Légalité d'accès à la culture


blblb
Récemment, j'ai regardé beaucoup d'animation japonaise. Et quand je dis récemment, je veux dire concrètement "depuis un an". Faut dire que j'avais du temps libre, mmh, mmh, oui, voilà, du temps libre. Voilà, c'est ça.
Beaucoup, beaucoup de temps libre. Oui, voilà. Ou pas, mais on va faire comme si.
Bref.

Disais-je donc avant de m'interrompre, au cours de l'année passé, je me suis plongé dans l'animation japonaise. Une connexion internet décente aidant particulièrement, j'ai ainsi pu m'adonner aux joies plus ou moins légales du streaming, d'une façon que certain qualifierais de "boulimique".

C'est sans doute pas totalement faux. Récemment, j'avais voulu tenir la liste de toutes les séries vues, grâce au site My Anime List, site ayant pour intérêt double d'être une base de donnée complète de l'animation japonaise, ainsi que de permettre la création de liste pour les utilisateurs, d'où son nom.
Je l'ai pas finis. Et j'ai vraiment la flemme de la faire, en fait. Pour donner une idée, j'ai fait la liste jusqu'à la lettre L, et j'en suis à...

20 journées passées devant un écran. Pas mal.
78 séries regardées, soit 1 247 épisodes, ou 20 jours ; 48 000 heures à regarder de l'animation. Ouais, ça pique un brin. Et c'est pas finis, comme je disais, la liste s'arrête aux "L", sans oublier ceux que j'ai dû forcément bouffer le nom (et quand on a des trucs comme "Ore no Nounai Sentakushi ga, Gakuen Lovecome o Zenryoku de Jama Shiteiru", vous me pardonnerez l'étourderie), ou ceux dont le nom français est différent.

On peut dire que j'ai pas mal bouffé d'animation, ouais.



Vomis

Pourtant, je regrette pas. Faut dire que y'a quand même pas mal de bon truc, d'autre un peu moins, voire complétement à chier, mais globalement, ça reste correct. Certes, on finis vite par se lasser de certains clichés ou stéréotype qui reviennent en permanence, au point de haïr d'emblée les séries qui les utilisent, mais l'animation japonaise possède assez de créateur pour pouvoir aussi sortir des séries critiquant ces mêmes défauts.

Prenons un exemple d'un truc qui m'exècre au plus haut point : le fanservice, ou le "ecchi", soit le fait de montrer le maximum de peau (tout en restant dans la limite acceptable pour pas choquer les plus jeune) en un minimum de temps, et sans aucune raison précise. Les plans culottes, ou les plans nichons-camouflé-par-la-buée. C'est une pratique déprimante, qui souvent arrive comme un cheveu sur la soupe, et rarement de manière pertinente, ou à vrai but humoristique.
Pourtant, 2 séries radicalement différentes vont prendre ce cliché, pour le retourner complétement. 

Hagure Yuusha no Estetica, par exemple, tiré d'un roman, se paye le luxe d'être interdite aux moins de 16 ans justement pour ça. Car contrairement au cliché habituel, où le héros est soit un gros vicelard de première qui saigne du nez à la moindre culotte, soit un timide maladif incapable de voir le moindre rentre-dedans gros comme le cul d'Anne Roumanof, ici le héros est un vrai badass, qui le fait exprès, reste stoïque, et impassible.

Autre exemple, Kill la Kill, qui réussit l'exploit de rendre la nudité parfaitement acceptable pour tout le monde sans problème, les révolutionnaires s'appelant les "Nudist beach" (véridique). Bref, un beau retournement de ce cliché, qui passe crème.

Kill la Kill, par ailleurs édité en France par Wakanim
Et ça me permet enfin, après avoir tergiversé pendant des heures, d'en venir au vrai sujet de cette note.

En effet, actuellement, 3 gros éditeurs se partagent le marché de l'animation japonaise à la demande : Wakanim, fondé en 2009 par 3 français, Anime Digital Network, résultant de la fusion de 2 éditeurs, crée en 2013 et supporté par Kazé, éditeur de manga papier, et Crunchyroll, déporté de la fusion précédente, crée par des américains en 2006, et dont la version française est apparu en 2013.

Pour être parfaitement honnête, lorsque j'ai commencé à regardé l'animation japonaise sur le net, c'était de manière plus ou moins légal. Disons que j'essayais toujours de regarder les trucs non édité en France ou en Amérique. Pour cela, je me fiais à certains sites de téléchargement de vidéo qui me paraissaient honnête et je me laissais porter par le vent.

J'ai découvert Wakanim pour regarder Kill la Kill, en diffusion simultanée avec le japon. Wakanim part d'une idée simple : tu peux regarder les épisodes pendant 1 mois après leur sortie, en rémunérant grâce à la pub, mais si tu veux pouvoir les revoir ensuite, c'est payant. 

J'ai pas essayé Crunchyroll, vu que rien ne m'intéresse dessus.

Mais j'ai pas contre essayé ADN récemment, après avoir appris par hasard que des séries que je pensais non licencié en France, que j'avais regardé sur certains sites que je pensais honnête, l'était en réalité. En soit, ça ne gène pas trop, mais comme c'était des séries que j'avais réellement apprécié, j'étais plutôt dégouté de ne pas avoir pu verser un kopeck aux créateurs.
Contrairement à Wakanim, le principe est ici plus traditionnel, il s'agit d'un abonnement mensuelle permettant l'accès à tous le catalogue pendant ce temps. J'ai donc pu "me racheter" pour mes écarts en me prenant un abonnement.

Bref, ce sont des alternatives légales intéressantes aux "fansub", des sous-titrage amateurs, qui jusqu'alors étaient l'unique moyen de profiter de série qui avaient peu de chance de sortir chez nous, ou dans des délais immondes. 
Les fans sont donc content, et peuvent rémunérer les auteurs pour leur travail, même en France.

Ha ha, ce que l'on peut vivre dans un monde de pute.


Petition

Car si vous le savez pas, nous vivons dans un monde où les auteurs vivent d'air et de soleil, et où le métier de traducteur ne demandent ni études ni salaires.

Passons aussi sur le fait qu'un traducteur doit au minimum savoir écrire correctement français. *tousse*

Car depuis la sortie de toutes ses alternatives légales, soit grosso-modo l'année dernière, en 2013, bon nombre de site soit disant de "FAN"-subber ont commencé à les présenter comme les grands méchants capitalistes, venu pour exploiter un filon rentable, et osant -sacrilège !- demander rémunération pour ce travail. Merde quoi, la culture doit être égale d'accès à tous !

Vous aurez compris mon avis : c'est complétement con. Pour plusieurs raisons (et j'y reviendrais), mais commençons par nous demander déjà pourquoi un tel mouvement existe. Ce qui suit n'est donc que mon opinion, et n'engage que moi.

Paradoxalement, alors que veux soit disant se poser contre ceux "qui reignent sans partage", de mon point de vu cela tiens en réalité à une bataille d'égo parfaitement ridicule. En effet, à la manière des guildes dans un MMO, se sont constitué aux fils du temps des "teams" de fansub, qui appose leur logo et leur nom sur les séries qu'ils traduisent, et en tirent 2 choses. Premièrement, des revenus publicitaires grâce à leur site, et deuxièmement, surtout une "renommée" sur l'internet.
C'est surtout cela qui motive ces personnes, ayant depuis longtemps perdu le statut de simple fan pour devenir celui de prophète, distribuant la bonne parole à leur troupeau de mouton, qui si peut gratuitement regarder des séries crieras haro face à n'importe qui.

Cela avait déjà été le cas pour le manga scanné, où, invité à une convention en France, un auteur japonais disait ne pas comprendre comment on pouvait se dire fan et ne pas avoir acheté le manga, et avoir volontairement participé à le propagé gratuitement.

Ce n'est jamais que la même chose appliqué à l'animation, sauf que là où le manga papier était... papier, une vidéo peut parfaitement être très simplement transposé en numérique. C'est la raison de l'apparition d'offres légales, certes presque 10 ans après le début de l'apparition du marché.

Cet égo démesuré est, à mon sens, la raison première de ce mouvement anti-légale, loin devant toute considération éthique et morale, et qui va ensuite entrainer les spectateurs avide de gratuité dans le sillon.

Mais pour ce problème d'égo, j'ai la solution. En effet, le fansub... c'est de la merde.

Oui, je l'affirme : les traductions amateurs ne valent pas les traductions professionnels. Je sais, je viens d'illuminer à jamais votre vie : un amateur ne vaut pas un pro. Woah. Je me sens tout émoustillé.
Car c'est bien là la différence majeure. En regardant les séries chez ADN, j'ai été surpris de la qualité extrêmement bonne de la traduction, qui est une vrai adaptation en français.

Car je vais peut-être vous choquer, mais non, "-san", "-sensei", "aniki", ce ne sont pas des traductions. "monsieur/madame", "professeur", "boss/patron", ça se sont des traductions. Comprenez bien, on peut rester puriste et vouloir garder les terminaisons japonaises pour signifier les rangs. Sauf que ce n'est pas traduire. C'est ne pas comprendre le boulot d'un traducteur, qui ne se résumera jamais à Google Trad.
Traduttore, traditore. "Traduire, c'est trahir". Peut-être devrais on rajouter que traduire mot-à-mot, c'est trahir 2 personnes : l'auteur, et le lecteur.

L'auteur, car on montre une incompréhension totale de ses mots en les traduisant par un pavé de texte pour expliquer. Le lecteur, car il a une oreille. Et bien que sous-titré, il entend toujours les voix. Lui laisser en brut des données auditives sans équivalent, c'est le laisser se dépatouiller avec la merde. C'est lui mentir.

Le diable se cache dans les détails, mais des aberrations de traduction sont légions dans pas mal de sous-titrage amateur. Faute de temps et de compétence (qui permettrait d'aller plus vite), bon nombre de calembours sont mal ou pas traduit, bon nombre de surnom sont incompréhensibles, et parfois incohérent. Et quand on sait que beaucoup des traductions françaises amateurs viennent de l'anglais, c'est risible, car la perte de sens est telle que même garder les -san et autres devrait faire s'arracher les yeux des puristes.


Publicité

Autre problème dans cette croisade, ceci. La publicité. Au passage, j'ai pris le premier site qui tombais pour "anime vostfr" sur Google, et je suis tombé sur une perle (cliquez pour voir). En règle général, c'est moins que ça, je l'accorde.

Voilà l'un des points intéressants de ce mouvement. Beaucoup peste contre les publicités de Wakanim, permettant de regarder les épisodes sans directement payer. J'ai un peu de mal avec ce reproche, car bien que le nombre de pub se soit drastiquement réduit sur pas mal de site de vidéo, notamment depuis qu'ils sont passé aux dons, ils n'empêchent qu'elles subsistent toujours.
Et vont directement dans la poche des créateurs du site. Pour faire fonctionner le site bien sûr, ou si en excédant, pour sa gueule.
J'ai un peu de mal à y voir une quelconque légitimité pour ensuite pester face aux éditeurs.

Enfin "l'égalité d'accès à la culture"... Ah, ce grand mythe. Cette grande arlésienne, apparue avec l'internet comme l'excuse du pirate à peu de frais.

Et bien je vous l'affirme, BULLSHIT. L'égalité d'accès à la culture, ça ne se fait pas aux détriments des auteurs, merde. Vous voulez voir un livre sans payer ? Allez à la bibliothèque. Oui, cet endroit où vous avez accès légalement à la culture.
Et vous savez quoi ? Vous voulez voir légalement un film ou une série ? Allez aussi à la bibliothèque, car c'est aussi disponible.

Disponible... à condition qu'un éditeur puisse faire le nécessaire pour, et que l'œuvre ou la famille d'œuvre soit reconnu. Alors vous voulez vraiment manifester pour l'accès à la culture ? Mais alors soyez fier que les œuvres soit licenciés, mise sur le marché, ouverte aux plus grands nombres, car ensuite, vous aurez la légitimité pour pouvoir manifester pour leur place dans les bibliothèques, dans les médiathèques ! Et là on parlera d'accès libre à la culture pour tous. Et sans spolié les auteurs.

Et là vous aurez une légitimité autre que votre envie égoïste de regarder des animés gratuitement, traduit entre copains pour se faire mousser.

Et jusqu'alors, moi je déprimerais en lisant ces attaques stériles, et regarderais de l'animation japonaise légalement, bien traduite, en rigolant, ou non.
Pour ne pas terminer sur un note déprimante, voici ma petite liste perso des très bonnes séries de l'année dernière :
Kill la Kill, au scénario impossible à résumé sans passer pour un timbré ;
Coppelion, série sur le nucléaire tiré d'un manga sortie avant la catastrophe de Fukushima, la série animée ayant débuté avant, et tombe malheureusement très juste.
My Teen Romantic Comedy SNAFU, une série comique absolument génial qui dépeint de manière crédible des personnes solitaires sans tombé dans le pathos.
Beyond the Boundary, une série fantastique très intéressante, qui me rappelle un peu The Secret World dans son traitement. 

Et ça tombe bien, car si l'année prochaine ou avant j'y pense, ça devrait être le sujet de la prochaine note.

Tchuss.

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